On connaît plutôt bien les mécanismes par lesquels le corps transforme les glucides et les lipides en triglycérides ou comment il stocke ses graisses dans les adipocytes (cellules de stockage des graisses).
Mais que deviennent ces graisses lorsqu’on les mobilise par une dépense énergétique importante et un apport réduit en glucides ? C’est la question que j’ai posé à mon entourage. La réponse qui fait l’unanimité, c’est que la graisse serait transformée d’une part en énergie et d’autre part en chaleur. Dans les muscles, les graisses deviendraient du lactate par l’intermédiaire de la glycolyse et la chaleur serait évacuée par l’évapotranspiration.
À y réfléchir à deux fois, selon la formule consacrée d’Einstein (E=mc²), 1kg de graisse possède une énergie de 90 billiards de joules. Le corps d’un homme moyen consomme environ 2200 kilocalories/jour soit 269 billions de joules sur toute la durée de sa vie (80 ans). 1 kg de graisse suffirait donc à fournir l’énergie nécessaire à 334 hommes pendant toute leur vie. L’excédent énergétique que le corps devrait évacuer sous la forme calorifique correspondrait à la consommation d’un radiateur électrique de 2000 Watts pendant 1 million et demi d’années !
On peut déjà conclure que cette graisse ne peut pas être simplement consommée mais bien évacuée après en avoir prélevé une part infinitésimale sous forme énergétique.Après avoir objectivé que la formule d’Einstein, de toute évidence, ne s’applique pas, je redemande à mon entourage comment, selon eux, le corps évacue ces graisses puisqu’il est établi (notamment par densitométrie) qu’on peut perdre 200 grammes de graisses par jour. Et les réponses sont plus logiques : par les selles, par la transpiration, par la peau, par l’urine.
Cette question, deux chercheurs l’ont posée aux professionnels de la santé sans se satisfaire des réponses contradictoires qu’ils récoltaient. Il s’agit du physicien Ruben Meerman et du directeur de l’école des Sciences Biotechnologiques et Biomoléculaires de Nouvelle-Galles du Sud, Andrew J. Brown. Après des recherches plus poussées, ils ont découvert que la réponse est loin de ce que l’on pensait jusqu’alors. Ils ont découvert que la graisse s’évacue en grande majorité via les poumons ! En effet, les triglycérides sont composés d’atomes de Carbone, d’Hydrogène et d’Oxygène et la transformation d’une molécule de triglycéride par l’oxygène que l’on respire (oxydation) produit du gaz carbonique (CO2), que l’on évacue par les poumons, et de l’eau, que l’on évacue par les poumons, l’urine, la transpiration,…
Les chercheurs ont déterminé que pour évacuer 10 kg de graisse, il fallait 28 kg d’oxygène apportés par la respiration. Les triglycérides adipeux se scindent alors en 8,4 kg de CO2 (gaz carbonique) et 1,6 kg d’H2O (eau). Les chercheurs sont donc arrivés à la conclusion que pour perdre du poids, il faut déstocker le carbone contenu dans les cellules adipeuses en mangeant moins (de sucres et de mauvaises graisses) et en bougeant plus. J’ajouterais qu’il est désormais démontré qu’une bonne hygiène pulmonaire est indispensable à la gestion de son poids. Faire de l’exercice, de la cohérence cardiaque, de la méditation, du yoga,… permet d’amplifier les mouvements des poumons, d’y faire rentrer plus d’oxygène nécessaire à l’oxydation des triglycérides.
(R. MEERMAN & A. J. BROWN, When sombody loses weight, where does the fat go ? In The British Medical Journal, décembre 2014.)